A l’aide des examens et des recherches pratiquées l’analyse criminelle devrait permettre d’élaborer des hypothèses sur l’identification de la victime.
Cette identification est l’un des points déterminants qui marque souvent la limite de cette technique. Le crime gratuit n’existe statistiquement pas « on n’est jamais tué par hasard, sans motif par quelqu’un que l’on ne connaît pas ». En son absence l’identification de l’auteur est quasiment impossible car la première démarche est toujours victimologique.
C’est en reconstituant la biographie et le profil psychologique de la victime que l’on peut commencer à rechercher des fils conducteurs pouvant mener à son assassin :
=> les mobiles pour lesquels elle aurait pu être tuée ;
=> le lien qui pourrait l’unir à un agresseur quelconque (lien victimologique) ;
=> un portrait virtuel de l’auteur construit à partir de l’étude de la scène du crime, parfois de la signature (souvent aléatoire et qui est parfois celle de la victime … ), toujours en fonction des éléments matériels ;
=> le mode opératoire qui est fondamental mais peut changer selon les victimes, selon la description que les médias ont fait du premier crime quand on a affaire à un tueur multirécidiviste intelligent…
=> la recherche d’un individu dans son environnement proche ou lointain qui, d’une part avait la faculté matérielle et le mobile pour passer à l’acte, et d’autre part présentait dans sa personnalité les traits et/ou pulsions compatibles avec la totalité des éléments analysés.
Ainsi peut-on, avec les enquêteurs et le magistrat instructeur, établir des rapprochements avec l’étude des personnalités des différents témoins ou suspects dont certains peuvent être expertisés (avec leur accord et si leur avocat ne s’y oppose pas … ) par l’expert. En revanche un expert qui a travaillé comme analyste sur un dossier durant l’instruction ne pourra plus être nommé expert dans ce même dossier, son objectivité étant alors quelque peu suspecte. Il n’appartient jamais au spécialiste du comportement humain d’affirmer la culpabilité de tel ou tel individu. Seule la Cour d’assises, composée de magistrats professionnels et de jurés, possède ce pouvoir. L’expert ne donne que des indications, n’émet que des hypothèses. La modestie doit être la règle en la matière. L’analyse de profil spécifique n’est qu’un support d’aide à la décision destiné d’abord au juge d’instruction, puis aux enquêteurs. Les conclusions de l’expert légiste sont fondamentales mais certains d’entre eux, peu habitués à ce regard spécifique ne mettent pas toujours en évidence, lors de l’autopsie initiale, les éléments susceptibles d’apporter un éclairage sur le lien victimologique.