La coparentalité en question

– LA COPARENTALITE EN QUESTION –

29 Novembre 2013 – Assemblée Nationale

CONFERENCE DE MICHELE AGRAPART


Le constat sociétal des séparations et des divorces

  • Coût global pour le contribuable.
  • Les chiffres (nombres et coûts) des ‘’drames dits de la séparation’’ (crimes, délits, suicides), des enlèvements parentaux, des actes de délinquance commis par des mineurs, des pathologies liées aux conflits familiaux non résolus (stress, absentéisme, arrêts de travail).

Comment baisser ces chiffres ?

LA COPARENTALITE

Introduction

 

Je remercie vivement Monsieur Dudragne ainsi que tous les organisateurs de cette journée, pour la confiance qu’ils m’ont accordée en m’invitant. Ils vont être déçus car n’étant pas sociologue mais psychologue et criminologue, je suis peu ou pas douée pour fournir des chiffres sur les suicides et stress en relation avec les séparations parentales. D’une part parce que je ne sais où les trouver, d’autre part parce que suicides, dépressions, meurtres d’enfants, stress sont toujours la conséquence de nombreux facteurs et que la séparation conjugale, la privation des droits parentaux ne peut en être que le révélateur ou le déclencheur.

Parfois aussi deux événements sont concomitants, sans être reliés entre eux par une relation de cause à effet, ou simplement par une relation de causalité, c’est à dire à un autre élément. Quand on regarde de près certains de ces dossiers on constate qu’il n’y a pas de règles en la matière, que certains de ces parents (statistiquement beaucoup plus de pères que de mères) présentaient préalablement à la séparation conjugale une fragilité psychologique, une tendance à la mélancolie et avaient parfois été privés de leurs enfants en raison de violences, de conduites addictives (alcool, shit, médicaments) de troubles graves de la personnalité.

 

Gardons-nous donc de généraliser mais ne tombons pas non plus dans l’angélisme et ne présentons pas tous les pères et mères suicidés, stressés ou infanticides comme d’innocentes victimes d’une séparation familiale.

Je ne vais donc vous livrer que quelques réflexions personnelles fatalement contestables et une approche psychologique succincte portant sur les 100 derniers criminels que j’ai expertisés. Bien entendu, je ne vois jamais dans mon cabinet de patients qui vont bien et n’ont aucune difficulté psychologique et ceux que j’expertise pour des crimes ne représentent heureusement pas la population. Je ne rencontre que des individus « à problèmes » ou en créant. Ce n’est pas la vraie vie. On ne peut donc tirer aucune conclusion générale sur un tel échantillon d’individus mais on peut cependant recevoir ces informations qu’il ne faut certes pas extrapoler mais qui peuvent éventuellement être sources de réflexion.

 

La parentalité

 

Définition

Le terme de parentalité est récent car il date de la fin du XX° siècle. Il apparait en 1993 comme étant le « concept de la fonction parentale, celle de prendre en charge, d’élever et de protéger un enfant ». On la différencie de la parenté qui est le simple fait d’être parent. La parenté est transmise par la filiation. Cette dernière peut être naturelle, biologique, ou sans rapport sexuel comme dans les adoptions, les unions homosexuelles, les procréations médicalement assistées, les mères porteuses (GMA gestation pour autrui).

La parentalité, est un terme assez flou, qui va impliquer différents acteurs, les parents bien sûr, mais aussi les grands-parents, les enseignants etc. La coparentalité a un sens beaucoup plus restreint puisqu’il recouvre simplement la fonction éducative au sens large, des 2 parents. La loi sur la coparentalité se place du point de vue de l’enfant.

La loi du 4 mars 2002 a ouvert la voie de la coparentalité et celle du 26 mai 2004 a officialisé celle de la résidence alternée et de la médiation. Leurs applications sont souvent tronquées, contournées, parfois bafouées.

La puissance paternelle a été remplacée par l’autorité parentale, faisant alors référence à un partage mais ouvrant inconsciemment la porte à une dépossession paternelle, d’autant qu’il n’y a plus d’obligation de porter le patronyme du père, et que d’autre part les femmes ont évolué, elles se sont émancipées, demandent l’égalité faute de parité, tuent comme les hommes avec les mêmes armes et selon le même mode opératoire. Ainsi une femme incarcérée sur quatre l’est pour agression sexuelle. Les femmes pédophiles sont d’abord incestueuses.

La coparentalité est actuellement un objet de controverse. Elle renvoie au principe juridique d’autorité parentale partagée. C’est en fait l’idée selon laquelle un enfant doit être élevé par ses deux parents, unis ou séparés. Elle sous-tend les notions de partage et d’accord. Qu’en est-il alors des familles monoparentales (ce qui pudiquement dit dans l’immense majorité sont celles des mères seules) ?

 

La coparentalité se doit de se construire en amont de toute séparation et d’être exercée durant la vie conjugale. Ce qui implique des parents une certaine maturité et une aptitude à gérer frustrations, séparations et conflits. Or nous baignons dans une société où le jeunisme est la règle (télé, tablettes, jeux vidéo, etc.) Beaucoup d’hommes et de femmes ont du mal à assumer leur fonction parentale : le père papa-poule est dans une identification maternelle, la mère débordée, est souvent d’humeur versatile nommée à tort bipolaire, (qui est en fait une pathologie psychotique grave, mais dont l’appellation a été vulgarisée et qui vient dans les demandes de consultation supplanter la spasmophilie.)

 

La parentalité est à tort souvent superposée aux concepts de parité, égalité des sexes, mais ces concepts ne sont pas du même ordre, car l’objet même de la coparentalité n’est pas l’égalité des parents, mais l’évolution positive de leur enfant, sans qu’il présente ensuite des troubles de la filiation, de l’identité, de l’identité sexuelle ou de la relation au réel.

 

On constate qu’un enfant sur 5 ou sur 10 (selon l’origine des statistiques) ne voit plus son père après la séparation des parents. Le voir un week-end sur 2 ne permet pas de conserver des liens entre un enfant et son père. Ce n’est pas la séparation ou le divorce en eux-mêmes qui sont générateurs de souffrances et de troubles psychiques, c’est le conflit parental. Le divorce entraine un réel chagrin d’amour chez l’enfant tandis, que le conflit l’angoisse et génère des troubles psychiques. Une famille c’est comme un tabouret, elle a 3 pieds, le père, la mère et l‘enfant. Quand l’un des trois est défaillant ou vient à manquer, la famille est instable et peut à tout moment basculer.

Quant au père souvent dépossédé de ses enfants et de ses droits, même s’il a préalablement été investi dans l’éducation de sa progéniture, est pourtant le plus souvent puni. Certains privés de leurs enfants parlent « d’une douleur comme une amputation. » On lui retire ceux qu’il aime, surtout s’il a été un mauvais mari… infidèle de surcroit.

Ces pères dont l’autorité paternelle est souvent décrite comme flageolante, sont stigmatisés comme les victimes des divorces conflictuels, certains se suicident, d’autres grimpent sur des grues, tous sont dans la souffrance, la frustration et la privation de leurs enfants. On pourrait d’ailleurs en dire de même de certaines mères abandonnées, seules avec leur progéniture après un divorce où le père a littéralement disparu, ne demande pas à voir ses enfants mais surtout ne subvient pas aux besoins fondamentaux, économiques, éducatifs de sa famille. Elles aussi parfois se suicident, après avoir tué leurs enfants.

 

Le père est le tiers séparateur qui permet à l’enfant de se séparer de la mère à laquelle il est collé, scotché, durant les premières années de la vie. Il lui faut rompre cette relation fusionnelle, sans rejeter sa mère, pour prendre conscience du réel, s’identifier à une figure masculine et trouver sa propre identité tant sexuelle que sociale. D’autant que la majorité des institutions sont actuellement essentiellement féminisées (école, médecin, justice) et qu’en l’occurrence si cette construction identitaire ne se fait pas sur le père, elle peut se faire sur le beau-père, le maître, le prof de judo ou autre… si c’est un homme.

Force est de constater le déséquilibre qui règne entre père et mère dans l’exercice de l’autorité parentale. La mère, sans doute parce qu’elle a porté physiquement son enfant, se sent souvent investie de plus de droits que le père sur lui. Certaines disent « il m’appartient, je refuse la garde alternée car il est exclu qu’une autre femme (compagne du père) en profite autant que moi. » Ce n’est pas seulement de la jalousie de femmes trompée. Ce sont aussi les mêmes qui font obstacle, parfois de manière fort insidieuse à toute aide psychologique pour l’enfant. Ce serait encore un étranger qui s’immiscerait entre eux !

 

N’oublions cependant pas que si un père a des droits sur ses enfants il a aussi des devoirs. Mais qu’en est-il des mères qui décident de faire seules un enfant, des homosexuelles qui recourent au sperme d’un inconnu ? Car il faut obligatoirement deux individus de sexe opposé pour faire un enfant, même s’ils ne se rencontrent que par leurs gamètes. Mais ce n’est pas aujourd’hui le sujet.

Les dégâts affectifs de l’élimination d’un des parents ne portent pas seulement sur les enfants mais aussi sur ce parent et les grands-parents. Parmi les victimes collatérales des conflits parentaux se trouvent souvent les grands-parents, eux aussi « punis » et empêchés de voir leurs petits-enfants, qu’ils ont parfois élevés quand les deux parents travaillaient. Environ 2500 grands-parents réclament annuellement le droit de voir leurs petits-enfants (chiffres du Conseil Economique et social). Certes des tensions existaient parfois préalablement au sein des familles. Depuis 2002 seul l’enfant a juridiquement le droit de réclamer à voir ses grands-parents, mais pas ces derniers. Mais cela implique que l’enfant doit entamer une action en justice contre ses propres parents, ce qui est absurde et en tant que mineur il doit se faire représenter. Par un avocat ou ses parents….

On a en fait plusieurs pères ; le biologique qui vous a conçu, celui qui vous élève, un père symbolique et un père fantasmatique. Pagnol disait « le père c’est celui qui aime». Il arrive parfois que l’élimination symbolique du père évolue, dans des familles en déséquilibre, vers une élimination physique, pure et simple et réelle. Pourquoi divorcer quand on peut faire plus simple ? Nous le verrons avec les parricides.

 

Mes cent derniers « clients » sont 94 hommes et 6 femmes.

 

• Tous ont moins de 40 ans, sont incarcérés pour des faits criminels, c’est-à-dire devant être jugés aux assises : homicides volontaires (en général sur leur femme ou leurs enfants), braquages, trafics de drogues, pédophilie et viols. 60 % ont déjà des antécédents judiciaires pas obligatoirement en récidive légale, ce qui signifie qu’ils ont déjà commis des infractions différentes d’un passage à l’acte à l’autre.

• Plus de 90 % présentaient des conduites addictives essentiellement orales, tabac, alcool et surtout shit, résine de cannabis. L’échec dans tous les domaines est patent. Certains (35%) avaient, selon leurs dires, subi des maltraitances physiques et/ou sexuelles durant leur enfance.

• 85 % d’entre eux n’avaient soit pas du tout de père, ne le connaissaient pas ou peu, soit avaient eu un père intermittent, violent, alcoolique, toxicomane, absent au plan éducatif, soit enfin au contraire des pères multiples partenaires de mères sexuellement instables ou elles-mêmes à la recherche d’une image masculine sécurisante. Les identifications paternelles et l’intériorisation des images mentales abstraites, dont l’interdit moral, étaient donc viciées, voire impossibles d’autant que la majorité de ces individus présentaient une intelligence concrète.

• Tous ces jeunes criminels paraissent extérieurement très narcissiques mais, en fait, lors de l’expertise on a pu constater tant dans l’entretien que dans les tests qu’ils présentaient souvent des failles importantes en la matière et surtout un effondrement de l’image et de l’estime d’eux-mêmes.

• Quasiment tous, mais surtout ceux à cheval sur deux cultures, notamment française et maghrébine, donnent de leur famille aussi calamiteuse soit-elle, une image belle, bonne, et fantasmatique très valorisante. Le seul asiatique expertisé est un bandit de grand chemin appartenant à la grande criminalité.

• La majorité des hommes de cet échantillon disaient avoir été délinquant mineur, avoir alors rencontré le juge pour enfants «qui leur avait juste parlé…» Version édulcorée de l’admonestation et avoir « réclamé un éducateur, mais avoir été déçus » et 30 % auraient souhaité entrer dans l’armée. Substitut paternel, ne dit-on pas que « le colonel est le père du régiment… » Beaucoup, notamment les jeunes maghrébins, paumés, à la recherche de limites et de règles sont récupérés par les islamistes. On repense à l’affaire de Mohammed Mérah, prototype de ce type de délinquants, mais en l’occurrence ayant poussé à l’extrême ses pulsions, ses haines, ses frustrations en l’absence totale de Surmoi, interdit moral et cherchant aussi dans le crime et la vengeance un vedettariat tenant lieu de valorisation et structuration narcissiques.

• Enfin, tous les enfants de divorcés ne deviennent pas délinquants ou criminels et ces derniers ne sont pas tous issus de famille éclatée ou décomposée. Heureusement.

Nous verrons avec madame Mireille Lasbats dans un registre moins dramatique les conséquences psychologiques et souvent séquellaires de cette absence de père, avec entre autre le contesté Syndrome d’Aliénation Parentale.

 

La mort du père

 

Ainsi les parricides reflètent totalement ces familles dans lesquelles le père devenu gêneur, voire parasite va être détruit. Rappelons brièvement que le terme parricide meurtre du ou des géniteurs, recouvre en droit le meurtre du père mais aussi celui de la mère ; en psychologie on parle dans ce cas de matricide.

Les expertises de 6 parricides masculins sont édifiantes. Ils sont tous de structure non psychotiques, c’est-à-dire pas schizophrènes (car les très rares malades mentaux qui tuent leurs parents sont en majorité schizophrènes, bien que les « fous » tuent infiniment moins que les gens dits normaux. Les parricides psychotiques sont pris en charge par les psychiatres et échappent de manière logique à la loi pénale. Je ne les vois jamais.) Les 6 jeunes parricides donc, que j’ai pu rencontrer dans le cadre expertal, se situent tous dans des familles où le père a été « escamoté » pour reprendre le terme de Tony Anatrella et dont la mère a formé un « couple » avec son fils :

– Soit c’est la mère qui est tuée car, formant un couple et non une famille avec l’adolescent, elle est vécue par ce dernier comme possessive, dominatrice, castratrice empêchant l’adolescent meurtrier de s’autonomiser. ll la tue pour se libérer, échapper à un sentiment d’étouffement et de persécution morale afin de se séparer d’elle, puisque le père n’a pas pu remplir cette fonction. « C’était elle ou c’était moi » reprendra Jean Bergeret. Il a ainsi échappé à une relation d’emprise, souvent faite d’une fausse sollicitation agressive et manipulatrice

– Soit le père a été exclu de ce couple mère-fils, il n’est pas rare que l’alcool soit devenu sa thérapie, et il est presque naturellement éliminé comme un gêneur, parasite du couple pervers mère-fils. Et la presse va titrer « un adolescent tue son père pour protéger sa mère. » Le gentil garçon… On évacue ainsi 15 ans de période inconsciente de préméditation, avec une volonté parfois verbalisée de supprimer le gêneur « comme on serait heureux sans lui » et ce long intervalle de temps entre la décision et l’exécution. On oblitère aussi la sauvagerie et la brutalité qui caractérisent souvent cette décharge violente de colère, de haine et d’angoisse. Véritable raptus anxieux générant le passage à l’acte. Mais on trouve peu de culpabilité chez ces auteurs puisque l’image paternelle a été détruite et que la victime était « fondamentalement mauvaise. »

Dans tous ces cas ces jeunes meurtriers, parfois assassins ne se remettront jamais du trauma séquellaire de leur acte mais aussi de ce déséquilibre fondamental tant éducatif qu’affectif qui l’a généré. Avec un sentiment confus de réalité intolérable et un débordement pulsionnel. Je manque de recul pour mes mini-statistiques mais les auteurs parricides en grande majorité se suicident ensuite. (Roberto Succo, Pierre Rivière)

 

La mort du fils

J’ai eu aussi dans ma carrière à expertiser 8 pères meurtriers de leurs enfants dans le cadre d’un divorce. 5 étaient eux-mêmes enfants de parents séparés, 3 n’avaient jamais revu leur père, un avait depuis rompu avec sa mère.

Lors de la rupture de leur propre union conjugale ils avaient « bénéficié » d’un droit de visite bimensuel décidé par la justice mais dont ils ne voulaient pas, demandant la garde des leurs enfants ou au pire une garde et résidence alternées. Lors d’un de ces week-ends ils ont tué leurs enfants « afin qu’ils ne souffrent pas ce qu’eux souffraient et qu’ils ne vivent pas dans un monde hostile. »

6 se sont finalement suicidés, soit au moment du jugement, épreuve de réalité, soit à leur libération. 4 d’entre eux présentaient déjà des antécédents de tentatives réelles (et non simple appel au secours) d’autolyse avant leur séparation conjugale.

La souffrance morale chez ces pères infanticides était telle que 2 d’entre eux, dans un mécanisme psychique de défense, avaient occulté leurs actes et ne se souvenant pas d’avoir tué leurs enfants, ils ne savaient pas hébétés, pour quel motif ils étaient incarcérés. … et demandaient instamment des nouvelles de leur famille.

Tous les 8 ont évoqué durant leur passage à l’acte des troubles importants de la conscience avec un sentiment d’irréalisation « c’est un cauchemar, ce que je fais n’est pas vrai, pas réel et je vais me réveiller » ainsi qu’un sentiment de dépersonnalisation « ce n’est pas moi qui donne la mort à mes propres enfants, je ne suis que spectateur. »

La rupture familiale, la perte de la femme aimée, parfois infidèle, la dépossession de leurs enfants, le chagrin et la frustration que cela a pu entrainer, une certaine agressivité envers l’épouse ont déclenché le passage à l’acte chez des personnalités fragiles.

C’est parfois aussi un acte de vengeance envers la mère des enfants « tu veux tes enfants, viens les chercher ils sont morts » avait téléphoné l’un d’entre eux à son ex-femme.

 

Les femmes criminelles

Sur les 6 femmes de mon échantillon, 5 sortaient de familles « à problèmes » comme disent les services sociaux, pères multiples, mères débordées, laxistes, problèmes économiques, pauvreté culturelle, parents incestueux ou éthyliques voire toxicomanes. Ces 5 femmes avaient connu un parcours chaotique émaillé de rencontres d’hommes qui disaient les aimer mais dont l’amour cessait à la ceinture. Toutes consommaient des psychotropes.

– L’une d’entre elle, sans père, divorcée, s’est instaurée exorciste et avec d’autres amis a commis de gros dégâts physiques et psychiques sur une adolescente « possédée par le diable» mais qui présentait vraisemblablement des troubles psychotiques, dont des épisodes délirants et hallucinatoires dans le cadre d’un début de schizophrénie. L’auteure n’a pas compris la gravité de ses actes et s’est dite prête à recommencer dans des conditions équivalentes.

– Une autre, née d’un père qui ne l’a jamais reconnue mais l’a un peu élevée, puis placée à la Dass à la suite d’une nouvelle séparation parentale violente, n’a jamais revu son père. Mariée trop jeune afin d’échapper aux trop nombreux beaux-pères, elle a tué avec un Opinel, son mari alcoolique et violent pour « protéger ses enfants », disait-elle, mais auquel elle avait toujours refusé le divorce « c’est quand même leur père » ajoutait-elle sous forme d’excuse. Elle jubilait en prison, pouvant faire abdo-fessiers, informatique et théâtre, regarder « les feux de l’amour tous les jours » et elle regrettait simplement de ne pas s’être débarrassée plus tôt du gêneur. L’image maternelle qu’elle donnait ressemblait terriblement à la sienne.

– Deux autres, sans diplôme, culture, ou métier, dotés de parents totalement défaillants et d’un père éliminé par la mère, étaient devenues mères maltraitantes, entrainant la mort de leur enfant, pour 2 d’entre elles. L’une des deux violait régulièrement la petite fille qui est morte.

– La cinquième mise en examen l’était pour des viols sur ses enfants, un garçon et deux filles.

– Enfin la dernière femme issue d’une bonne famille, avait fait un bon mariage et avait une bonne situation mais, telle Médée, elle a tué ses deux filles parce que son mari la trompait et la quittait. Lui ne voulant pas s’embarrasser à plein temps de ses toutes petites filles qu’il adorait bien sûr, revivait un grand amour avec sa maitresse et demandait juste un droit traditionnel de visite et d’hébergement. Sa femme avait refusé toute autorité partagée, toute résidence alternée et tous droits de visite s’opposant par tous les moyens (absence, enfant malade, témoignages mensongers, etc…) à toute rencontre entre les deux fillettes et leur père. Elle les a tuées car elle savait que cela lui ferait très mal. Elle a été condamnée et lui a bénéficié de la maison dans laquelle s’est installée la maitresse. Il s’est porté partie civile. Histoire vraie et pas du tout morale. Les enfants ont été ici les victimes massacrées d’un divorce, d’un refus de « partage de la mère » dans un comportement vengeur et punitif. La mère s’est positionnée et présentée en victime.

 

C’est elle qui me dira « vous ne pouvez pas comprendre ce qu’est ma souffrance d’avoir perdu mon bien le plus cher » je lui ai stupidement répondu « vous avez beaucoup de mal à prendre du recul par rapport à la mort de vos enfants » et elle m’a répondu méprisante « vous ne comprenez vraiment rien, je parle de mon mari. »

Les mères qui tuent leurs enfants dans le cadre d’une séparation sont très rares.

Les mères infanticides tuent leur nouveau-né à la naissance, elles sont rarement abandonnées, seules etc. Il n’y a pas ici de relation entre un divorce, la perte d’un droit de garde et l’infanticide. Les avocats plaident « le déni de grossesse » sur lequel nous n’avons pas ici le loisir de débattre.

On notera que le substantif « infanticide » désigne à la fois l’auteur, la victime et l’acte, de la même manière que « parricide ». L’un et l’autre sont des ruptures volontaires de la filiation. Crimes intrafamiliaux comme l’inceste mais qui ne figurent pas en tant que tels dans le code pénal. Cependant la majorité des crimes homicides ont lieu au sein des familles, lieu de tous les dangers car c’est là que les sentiments y sont le plus exacerbés.

Enfin il faut reconnaitre que le crime maternel parfait reste la plainte mensongère pour agression sexuelle du père sur le ou les enfants. Imparable. Le père est incarcéré, éliminé familialement, affectivement, socialement. La mère se positionne en victime et l’enfant influencé, manipulé, intoxiqué va effectivement relater de bonne foi, des faits d’agression sexuelle, invérifiables, mais ne reverra plus son père, image mortifère, perverse, mauvaise.

La mère aura la garde des enfants, exercera seule l’autorité parentale, bénéficiera de la maison et d’aides. Outre le regard social compatissant.

Les solutions ?

En existe-il ? Car les difficultés que mettent en place les parents mais dont les enfants ou l’un des deux parents sont victimes relèvent de l’humain, du psychologique et les réponses sont autres. Deux pistes sont cependant ouvertes et vont nous être maintenant développées.

Bien sur la résidence alternée, que j’avais préconisée pour un dossier difficile, et qui m’a valu des insultes et des menaces de la part d’un avocat aussi grossier et agressif que sa cliente, présente des avantages ; équilibre du temps passé avec chacun des parents, de ce fait les enfants n’ont pas l’impression de pénaliser ou de trahir l’un des parents, ni d’être la thérapie de celui qui n’a pas la garde, pas de bouts de droits de visite, de week-ends tronqués, réduction des trajets des enfants et des parents. Elle doit être demandée par l’un des parents, acceptée par l’autre qui doit à contrario motivé son refus. La demande conjointe étant de fait acceptée par les juges. Il faut aussi que l’âge de l’enfant le permette, que l’un des parents ne décide pas d’aller vivre à 600 km de l’autre. Il faut donc que l’enfant ne soit plus otage et que le dialogue s’instaure entre ses parents.

La médiation, thème que madame Le Juge Danièle Ganancia va développer, est une nouvelle piste de conciliation ouverte aux parents et basée sur le dialogue. Mais si le divorce est un acte civil, les conflits sont affectifs et demander à la justice de les régler semble en totale inadéquation. Que ce soit dans la résidence alternée ou la médiation il faut que chacun en accepte le principe, ait intellectuellement les capacités de comprendre ce dont il s’agit et d’en intérioriser les règles. Les imposer à un couple en guerre n’est qu’illusion. La médiation est parfaite sur le papier, difficile en réalité et demande une formation de qualité aux médiateurs. Comment demander, voire imposer à des parents de s’entendre alors qu’ils sont en conflit parfois violent ?

Faut-il cependant voter des lois même quand on sait qu’elles auront du mal à être appliquées, respectées quand l’enjeu d’un divorce est la vengeance, et que l’enfant a perdu sa fonction de sujet pour ne plus être que l’objet de manipulation des parents dont il devient souvent le témoin, parfois la thérapie. ?

 

Madame Michèle AGRAPART-DELMAS



 

 

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