Enquête criminelle

Beaucoup de publications confondent enquête criminelle et expertise.

La frontière entre l’analyse et l’enquête fluctue selon l’affaire elle-même, le temps écoulé entre le passage à l’acte et la saisine de l’analyste, mais aussi et surtout selon les compétences des enquêteurs et les personnalités de chacun. Les échanges et communications entre les acteurs de la procédure enrichissent réciproquement l’avancée des recherches.

Parfois les enquêteurs sont de bons professionnels de l’enquête dans sa matérialité, mais leur limitation dans les connaissances psychologiques ou tout simplement dans la conduite d’une audition font qu’ils « passent à côté » d’informations capitales. On distingue donc

=> L’enquête.

Elle appartient aux services de police. Le ou les enquêteurs la mènent seuls selon les instructions du magistrat. Les analystes n’y participent pas sauf parfois dans le cadre d’un « conseil psychologique » qui peut être un simple appel téléphonique d’un enquêteur à un expert qu’il connaît pour avoir son avis sur un point précis. Les recherches sont fondamentalement axées sur les indices, les preuves, le recueil des données surtout matérielles, vérifications d’alibis etc.

=> L’expertise criminelle.

Elle est effectuée après l’identification de l’auteur ou de la victime. C’est seulement elle et l’expérience qui permettent d’analyser un acte criminel. C’est l’analyse de la personnalité d’un auteur ou d’une victime connus. Elle consiste à pratiquer l’étude psychologique d’un mis en examen ou d’une victime, avec l’aide de tests notamment projectifs, et de rédiger les conclusions de l’examen pratiqué. Elle doit être faite par un psychiatre ou par un psychologue.

=> L’analyse criminelle.

Même si elle ne se conçoit qu’en relation étroite avec les acteurs de la procédure, elle appartient à l’analyste désigné sous le regard du juge d’instruction qui l’a nommé. Il entend avec sa compétence de « spécialiste de la psychologie », les parties civiles, victimes ou ayants droit et les témoins. Il peut être autorisé à assister à une garde à vue, à y participer et peut avant qu’elle ait lieu, apporter des indications sur la conduite à tenir, sur les questions à poser, et ce en fonction de l’étude antérieure de la personnalité de la personne gardée à vue.

L’analyse criminellen’a pas pour fonction d’identifier un auteur, mais d’établir le type psychologique probable de l’individu susceptible d’être compatible avec le type de passage à l’acte.

L’analyse est différente selon les dossiers et la qualification pénale :

– Pour un homicide volontaire elle sera essentiellement constituée d’une recherche sur la victime et sa biographie, alors que pour une série de viols sur mineurs sans lien victimologique spécifique les reliant, il s’agira surtout d’une étude approfondie du modus operandi et du comportement de l’auteur pendant les actes.

– Pour un tueur multirécidiviste on s’attachera à l’étude des victimes, aux modes opératoires et à l’élaboration d’un profil type en fonction des actes commis, des lieux, des armes, des sévices sexuels etc…

– Une analysepeut aussi être demandée en cas de doute du magistrat instructeur sur la réalité d’un suicide. Il faut alors déterminer si la personnalité du suicidé est compatible avec le mode opératoire utilisé, des antécédents, des motifs etc, ou si au contraire on peut soupçonner un homicide ; l’inverse s’est aussi présenté et ce qui pouvait apparaître comme un homicide était en fait le suicide d’un pervers qui avait parfaitement rassemblé autour de sa mort les faux indices, conduisant sa femme (infidèle) à être mise en examen pour assassinat.

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