Actuellement

Force est de constater que la demande est importante chez les magistrats instructeurs, et que dans les expertises psychologiques criminelles il est de plus en plus fréquent de constater que dans les questions, le juge glisse insidieusement vers l’analyse. Et c’est tant mieux.
J’ai pour ma part depuis 15 ans, avec plus ou moins de bonheur, mais quand une enquête aboutit c’est la réussite d’une équipe et réciproquement en cas d’échec, effectué une cinquantaine de  » profilages  »  » ou analyses criminelles  » sans en connaître au début le mot, tel Monsieur Jourdain et la prose. J’en ai refusé une quinzaine, notamment quand l’enquête était exclusivement à charge et que mon approche ne devenait qu’une caution pour un juge ou des enquêteurs qui, ainsi que m’avait dit un magistrat,  » avait besoin de billes pour boucler le dossier « .

La France n’étant heureusement pas le pays de très nombreux tueurs en série, tous les dossiers que j’ai eu à examiner ne concernaient qu’un, voir deux homicides volontaires. Quelques réflexions :
* La scène du crime du psychocriminologue n’est jamais  » la scène du crime  » où le tueur a laissé sa signature, mais un endroit où on a trouvé un cadavre, lieu proprement nettoyé, débarrassé par les enquêteurs qui ont soigneusement récupéré le moindre indice et où le médecin légiste a déjà fait un certain nombre de constatations sur le cadavre. Ce qui n’empêche pas certains d’élaborer des délires pseudo-analytiques sur cette «  scène qui n’est plus du crime « .
On retrouve systématiquement dans les ouvrages, la différenciation entre la  » scène organisée et la scène non organisée « , ce qui est sans doute vrai pour les tueurs multirécidivistes de l’Amérique du Nord, beaucoup plus aléatoire pour la vielle Europe.

* le modus operandi est souvent d’une banalité déconcertante et les média qui la décrivent, permettent ainsi par leur publicité quand un crime est commis par un autre auteur, d’en copier le mode opératoire.
Il faut aussi se souvenir qu’il en est du tueur comme de tout être humain, il peut être imprévisible dans son mode opératoire.. et intelligent, et changer de mode opératoire. Il n’existe donc pas de protocole immuable en matière d’analyse criminelle mais des pistes, des rencontres, et des doutes.

* Quand à la signature du tueur, chère aux romans policiers elle relève souvent de l’imagination de certains.  » Il a tué avec un couteau c’est donc un militaire…« .

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