La Tribune de Genève

Viol: le dernier tabou

 

Michèle Agrapart-Delmas est psychocriminologue, agréé par la Cour de cassation et expert auprès de la Cour d’appel de Paris. Elle tire le portrait psychologique des accusés, tel celui d’un certain Jean-Pierre Trébert, assassin présumé de Géraldine Giraud et de Katia Lherbier. Elle conseille aussi les scénaristes de la série Profilage sur TF1. Après avoir publié, en 2001, De l’expertise criminelle au profilage (Favre) et, en 2004, collaboré au polar Les anges de Humberto Barcéna, l’expert récidive avec un livre consacré aux criminelles.

Votre ouvrage montre une vérité dérangeante.

C’est sûr que cela tranche avec l’image de la femme, de la mère et de la vierge. Mais c’est ce que les femmes sont devenues.

En France, on note une hausse de la criminalité féminine*, est-ce le prix payé à l’égalité des sexes?

J’espère que non! La violence augmente surtout chez les mineures. Mais en chiffres bruts, on est loin de ceux affichés par la délinquance masculine et j’espère que l’on ne les atteindra jamais.

En matière de criminalité féminine, quel est le dernier tabou?

Il n’y en a plus. A la maison d’arrêt de Rennes, 25% des femmes incarcérées le sont pour agression sexuelle. C’était peut-être le dernier tabou, mais il est franchi, et les femmes ne sont pas meilleures que les hommes en la matière.

Vous évoquez la difficulté de certaines expertises. Lesquelles vous sont les plus pénibles?

Les meurtres d’enfants. Je suis mère et grand-mère. J’ai été très touchée par le cas d’une mère qui a tué son fils d’un coup de fusil à pompe, parce qu’il lui menait une vie d’enfer. Le désespoir de cette femme était immense.

Comment vous protégez-vous?

L’humour et une vie de famille stable, mariée depuis 40 ans, trois fils et belles-filles que j’adore. Je m’occupe de ma maison, de mes petits-enfants, et je golfe. (el)

* En Suisse, 5,8% de la population incarcérée est féminine et les femmes représentent 14% des condamnations pour crimes et délits, des chiffres stables. (Office fédéral de la statistique, 2008).

Décembre 2009

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