Question de femmes

Michèle cerne la personnalité des criminels Michèle Agrapart-Delmas, psychocriminologue, collabore étroitement avec la police et la gendarmerie pour résoudre de sombres histoires criminelles. Elle dresse le profil psychologique de l’assassin, cerne sa personnalité, ses mobiles.

En France, Michèle est l’unique femme profileuse.  » Je n’ai pas l’air d’une criminologue, hein ? « , interroge, amusée, Michèle Agrapart-Delmas. Son imperméable lui donne, certes, un faux air de Sherlock Holmes. Mais qui imaginerait cette blondinette pimpante évoluer dans l’univers du crime comme un poisson dans l’eau?

Et pourtant, à 55 ans, avec plus de 2 000 expertises criminelles et une trentaine de profilages à son actif, elle fait autorité dans le cercle fermé de la psychocriminologie française. C’est par hasard qu’elle s’est intéressée à l’esprit tortueux des criminels. Docteur en psychologie, elle se passionne pour les thérapies comportementales quand une amie avocate lui suggère de se spécialiser dans les affaires judiciaires. La quarantaine passée, elle reprend le chemin de la fac pour étudier le droit pénal. Depuis, elle intervient fréquemment en cour d’assises comme experte judiciaire.

Minutieusement, elle dresse l’analyse criminelle de l’accusé placé en détention préventive.  » Je sonde sa personnalité, jauge son affectivité, ses pulsions. Je m’intéresse aussi à ses mobiles. Bref, j’étudie tout ce qui constitue l’essence même de l’individu« . Régulièrement aussi, la police, les magistrats font appel à ses services pour brosser le profil psychologique du criminel avant son arrestation. Les Américains concluraient qu’elle est profileuse. Mais la réalité est à mille lieux des polars de Patricia Cornwell.  » La réalité française n’a rien à voir avec les séries américaines. Par exemple, je ne traque pas de tueurs en série car le phénomène est marginal dans notre pays. Je ne me déplace pas toujours sur la scène du crime car généralement les enquêteurs m’appellent des mois après la découverte du corps. Les lieux n’ont plus de secret à me livrer « . E1le travai1le donc en étroite collaboration avec les policiers, les médecins légistes et essaie d’apporter un éclairage différent à l’enquête.  » Nos efforts se complètent. Les premiers se concentrent sur les faits matériels, l’alibi. Je m’arrête à la personnalité, aux mobiles de l’assassin. Je commence toujours par m’immerger dans la vie de la victime, cette première approche est fondamentale. Très souvent, elle est tuée par quelqu’un qu’elle connaît, pour un motif précis « .

Quand l’enquête piétine ou prend une mauvaise direction, l’avis de Michèle Agrapart peut débloquer la situation. Il y a quelques années, dans le Sud-Ouest, un juge d’instruction l’appelle à la rescousse. Le corps d’une jeune femme a été retrouvé calciné dans sa voiture. Les enquêteurs ne sont pas loin de conclure au suicide. Mais rapidement, Michèle Agrapart rejette l’hypothèse.  » La jeune femme aimait se pomponner. Si elle avait voulu mettre fin à ses jours, elle aurait pris des médicaments. Elle n’aurait pas choisi de s’immoler, la méthode est trop agressive « . Finalement, les services scientifiques lui donneront raison.

Sa formation initiale en psychologie et ses années d’expériences en criminologie ont fait d’elle une psychocriminologue reconnue. «  La nature humaine reproduit toujours les mêmes schémas « . Braqueurs, incendiaires, pédophiles, petits meurtres en familles … Les noirceurs de l’âme n’ont plus de secrets pour Michèle Agrapart qui travaille actuellement sur une tragique histoire de viols en série. «  Le violeur de l’Est parisien s’est déjà attaqué à plus de vingt gamines. Nous avons son sperme, son ADN, sa salive, nous savons qu’il est brun, qu’il a moins de trente ans. Il nous manque son nom et son adresse!  »

Sarah Delattre/BJA
Février 2001

 

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