C Dans l’Air

 

 

Participation à l’émission de France 5

Emission et reportage sur l’affaire Treiber via ce lien

Février 2010

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La Tribune de Genève

Viol: le dernier tabou

 

Michèle Agrapart-Delmas est psychocriminologue, agréé par la Cour de cassation et expert auprès de la Cour d’appel de Paris. Elle tire le portrait psychologique des accusés, tel celui d’un certain Jean-Pierre Trébert, assassin présumé de Géraldine Giraud et de Katia Lherbier. Elle conseille aussi les scénaristes de la série Profilage sur TF1. Après avoir publié, en 2001, De l’expertise criminelle au profilage (Favre) et, en 2004, collaboré au polar Les anges de Humberto Barcéna, l’expert récidive avec un livre consacré aux criminelles.

Votre ouvrage montre une vérité dérangeante.

C’est sûr que cela tranche avec l’image de la femme, de la mère et de la vierge. Mais c’est ce que les femmes sont devenues.

En France, on note une hausse de la criminalité féminine*, est-ce le prix payé à l’égalité des sexes?

J’espère que non! La violence augmente surtout chez les mineures. Mais en chiffres bruts, on est loin de ceux affichés par la délinquance masculine et j’espère que l’on ne les atteindra jamais.

En matière de criminalité féminine, quel est le dernier tabou?

Il n’y en a plus. A la maison d’arrêt de Rennes, 25% des femmes incarcérées le sont pour agression sexuelle. C’était peut-être le dernier tabou, mais il est franchi, et les femmes ne sont pas meilleures que les hommes en la matière.

Vous évoquez la difficulté de certaines expertises. Lesquelles vous sont les plus pénibles?

Les meurtres d’enfants. Je suis mère et grand-mère. J’ai été très touchée par le cas d’une mère qui a tué son fils d’un coup de fusil à pompe, parce qu’il lui menait une vie d’enfer. Le désespoir de cette femme était immense.

Comment vous protégez-vous?

L’humour et une vie de famille stable, mariée depuis 40 ans, trois fils et belles-filles que j’adore. Je m’occupe de ma maison, de mes petits-enfants, et je golfe. (el)

* En Suisse, 5,8% de la population incarcérée est féminine et les femmes représentent 14% des condamnations pour crimes et délits, des chiffres stables. (Office fédéral de la statistique, 2008).

Décembre 2009

lien vers l’article d’origine

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Question de femmes

Michèle cerne la personnalité des criminels Michèle Agrapart-Delmas, psychocriminologue, collabore étroitement avec la police et la gendarmerie pour résoudre de sombres histoires criminelles. Elle dresse le profil psychologique de l’assassin, cerne sa personnalité, ses mobiles.

En France, Michèle est l’unique femme profileuse.  » Je n’ai pas l’air d’une criminologue, hein ? « , interroge, amusée, Michèle Agrapart-Delmas. Son imperméable lui donne, certes, un faux air de Sherlock Holmes. Mais qui imaginerait cette blondinette pimpante évoluer dans l’univers du crime comme un poisson dans l’eau?

Et pourtant, à 55 ans, avec plus de 2 000 expertises criminelles et une trentaine de profilages à son actif, elle fait autorité dans le cercle fermé de la psychocriminologie française. C’est par hasard qu’elle s’est intéressée à l’esprit tortueux des criminels. Docteur en psychologie, elle se passionne pour les thérapies comportementales quand une amie avocate lui suggère de se spécialiser dans les affaires judiciaires. La quarantaine passée, elle reprend le chemin de la fac pour étudier le droit pénal. Depuis, elle intervient fréquemment en cour d’assises comme experte judiciaire.

Minutieusement, elle dresse l’analyse criminelle de l’accusé placé en détention préventive.  » Je sonde sa personnalité, jauge son affectivité, ses pulsions. Je m’intéresse aussi à ses mobiles. Bref, j’étudie tout ce qui constitue l’essence même de l’individu« . Régulièrement aussi, la police, les magistrats font appel à ses services pour brosser le profil psychologique du criminel avant son arrestation. Les Américains concluraient qu’elle est profileuse. Mais la réalité est à mille lieux des polars de Patricia Cornwell.  » La réalité française n’a rien à voir avec les séries américaines. Par exemple, je ne traque pas de tueurs en série car le phénomène est marginal dans notre pays. Je ne me déplace pas toujours sur la scène du crime car généralement les enquêteurs m’appellent des mois après la découverte du corps. Les lieux n’ont plus de secret à me livrer « . E1le travai1le donc en étroite collaboration avec les policiers, les médecins légistes et essaie d’apporter un éclairage différent à l’enquête.  » Nos efforts se complètent. Les premiers se concentrent sur les faits matériels, l’alibi. Je m’arrête à la personnalité, aux mobiles de l’assassin. Je commence toujours par m’immerger dans la vie de la victime, cette première approche est fondamentale. Très souvent, elle est tuée par quelqu’un qu’elle connaît, pour un motif précis « .

Quand l’enquête piétine ou prend une mauvaise direction, l’avis de Michèle Agrapart peut débloquer la situation. Il y a quelques années, dans le Sud-Ouest, un juge d’instruction l’appelle à la rescousse. Le corps d’une jeune femme a été retrouvé calciné dans sa voiture. Les enquêteurs ne sont pas loin de conclure au suicide. Mais rapidement, Michèle Agrapart rejette l’hypothèse.  » La jeune femme aimait se pomponner. Si elle avait voulu mettre fin à ses jours, elle aurait pris des médicaments. Elle n’aurait pas choisi de s’immoler, la méthode est trop agressive « . Finalement, les services scientifiques lui donneront raison.

Sa formation initiale en psychologie et ses années d’expériences en criminologie ont fait d’elle une psychocriminologue reconnue. «  La nature humaine reproduit toujours les mêmes schémas « . Braqueurs, incendiaires, pédophiles, petits meurtres en familles … Les noirceurs de l’âme n’ont plus de secrets pour Michèle Agrapart qui travaille actuellement sur une tragique histoire de viols en série. «  Le violeur de l’Est parisien s’est déjà attaqué à plus de vingt gamines. Nous avons son sperme, son ADN, sa salive, nous savons qu’il est brun, qu’il a moins de trente ans. Il nous manque son nom et son adresse!  »

Sarah Delattre/BJA
Février 2001

 

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Réponses PSY

« Profession expert criminel, Profiler »

Michèle Agrapart-Delmas a pratiqué plus de deux mille expertises criminelles. Elle a établi des typologies en matière de « profilages » par l’étude de la victime, de la scène du crime, des divers rituels, d’une éventuelle signature d’un tueur en série… Récits*.

Le  » profilage « , traduction approximative du mot anglo-saxon  » profiling « , en est à ses débuts en France, mais il est très médiatisé en raison de la diffusion de films et de feuilletons tels que Hannibal ou Profiler. Il s’agit d’une démarche d’analyse du crime que l’on dit nouvelle et qui est à considérer avec prudence. D’autant que l’on utilise les modèles américains, ce qui est une erreur. Statistiquement, nous n’avons heureusement que peu de serial killers en France, environ un identifié tous les deux ans. Nous n’avons donc pas vraiment besoin de  » profiler « . Par ailleurs, le FBI fait un peu marche arrière sur cette technique, les résultats n’étant pas toujours à la hauteur des engagements financiers. Sur le vieux continent, il s’agit plutôt de conseils d’un expert à des enquêteurs, par la prise en charge de la dimension psychologique d’un crime, que d’un vrai profilage effectué par un fonctionnaire de police en concomitance avec l’enquête criminelle. Cependant, alors qu’il y a plus de faux profilers que de vrais tueurs en série, certains experts sont commissionnés pour collaborer à des enquêtes concernant des crimes, pour la plupart des crimes uniques. Cette technique, car il ne s’agit que d’une technique, allie à la fois les compétences d’un enquêteur criminel et celles d’un spécialiste du comportement humain. Si elle est récente dans son utilisation, elle existe depuis longtemps dans la littérature comme Sherlock Holmes. La France connaît quelques tentatives d’identification informatisée. Elle a peu de tueurs en série, habituellement nommés  » tueurs multirécidivistes « . Jusqu’à la fin du XXe siècle, aucun programme informatique n’existait. Depuis peu, différentes approches sont utilisées. Le métier de profiler n’existe pas en tant que tel en France . Cependant, depuis quelques années, les juges d’instruction font appel à des  » profilers occasionnels « . Dans le cas d’un tueur multirécidiviste, on s’attachera à l’étude des victimes, aux modes opératoires et à l’élaboration d’un profil type, en fonction des actes commis, des lieux, des armes, des sévices sexuels… Le profilage peut aussi être demandé en cas de doute du magistrat instructeur sur la réalité d’un suicide. Il faut alors déterminer si la personnalité du  » suicidé  » est compatible avec le mode opératoire utilisé, ses éventuels antécédents suicidaires, les motifs pouvant entraîner le passage à l’acte comme la prise de psychotropes, d’alcool…
Cas & témoignage : Le Profil d’un Psychopathe – Elle a été retrouvée brulée vive dans sa voiture

Le crime des pervers
Leurs crimes sont en général des crimes de la perversion, c’est-à-dire des crimes sexuels : agressions sexuelles, viols, pédophilie. Un détenu sur cinq est un agresseur sexuel. 50 % des verdicts des cours d’assises concernent des agressions sexuelles, 25 % des viols de mineurs sont commis par l’entourage familial. La progression en est inquiétante : le nombre des viols a été multiplié par quatre et celui des attentats à la pudeur, devenus agressions sexuelles dans le nouveau code pénal, par deux en 20 ans… Il est rare que l’on ait affaire à une simple perversion sexuelle, sans trouver une personnalité perverse. Dans ce cas, il y a toujours à l’origine une femme, essentiellement une mère perverse.
Cas & témoignage : Il agressait les femmes dans la rue au hasard


Les pédophiles

Ils représentent, avec leurs victimes, 40% de mes expertises. J’ai publié en 1998 une étude portant sur 400 pédophiles expertisés sur une période de 10 ans. Ce chiffre est maintenant enrichi d’une centaine de cas et ne concerne que des personnalités pédophiles et non incestueuses. En France, le profilage criminel est encore peu en usage dans le cadre de la pédophilie, mais j’ai eu en 1999 à l’étude le dossier d’un violeur de la région parisienne qui a agressé une trentaine d’adolescentes. Cette affaire a été médiatisée, et le dossier, dans sa presque intégralité, est paru dans un grand quotidien parisien… Contrairement aux feuilletons TV ou aux profilers qui identifient un auteur juste en analysant la scène du crime, je ne suis pas allée visiter les ascenseurs et les parkings d’immeubles où des milliers de personnes passent chaque jour depuis les faits … L’étude de la carte de la région parisienne, une approche Anacrim, des rapprochements entre les lieux, les transports, les heures… (travail qui appartient aussi aux enquêteurs) me semblent plus adaptés.

Janvier 2002

(*) D’après le livre « De l’Expertise Criminelle au Profilage »

 

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La croix

Un « Profileur » à la française

Michèle Agrapart-Delmas est psychocriminologue, expert judiciaire auprès de la cour d’appel de Paris. A ce titre, elle a dressé le portrait psychologique de 400 pédophiles

A première vue, rien ne distingue le cabinet de Michèle Agrapart-Delmas de celui d’un quelconque psychologue. Un bureau coquet, un lit de consultation, une lumière tamisée… Rien, si ce n’est un diplôme de la Légion étrangère, une récompense pour bons et loyaux services obtenue à la suite d’une expertise. Car cette femme blonde de 55 ans, psychocriminologue comme l’indique sa plaque, est spécialiste du comportement humain. Expert judiciaire de la cour d’appel de Paris, elle collabore étroitement avec la police, la gendarmerie et la justice depuis une vingtaine d’années. Soit pour effectuer l’expertise de la personne mise en examen. Soit, plus rarement, pour reconstituer la personnalité du meurtrier anonyme recherché par les enquêteurs. À son actif, elle compte une trentaine de  » profilages  » et plus de 2 000 expertises, dont celles de quelque 400 pédophiles. De son expérience, elle a tiré une étude d’une centaine de pages, et surtout beaucoup d’interrogations sur le profil du pédophile.  » Il n’y a pas actuellement de caractéristiques sociales spécifiques, analyse-t-elle. Sur l’ensemble des cas auxquels j’ai été soumise, beaucoup sont mariés, pères de famille et 20 % sont des homosexuels.  »

La procédure suivie ? La psychocriminologue s’entretient à trois reprises avec l’auteur des faits, en tête à tête, afin d’établir la personnalité névrotique ou psychotique du pédophile. Et dégager quelques tendances.  » Plus ils sont vieux, plus les victimes sont jeunes.  » Ils sont aussi massivement masculins : sur 399 cas de pédophilie expertisés, 19 seulement ont concerné des femmes, même si ces dernières semblent de plus en plus nombreuses. Autre signe significatif, près de la moitié des pédophiles travaillent dans le monde de l’enfance. Et surtout, les agresseurs pédophiles sont plus ou moins connus de l’enfant.

Tous ont des troubles d’identification parentaux

Contrairement à une idée reçue, les pédophiles ne sont pas forcément immatures. De même, ils ne comptent pas plus d’alcooliques ou de drogués que le reste de la population délinquante. Un quart d’entre eux ont commencé par des comportements exhibitionnistes.  » Malheureusement, ces infractions ne donnent pas souvent lieu à une plainte et celle-ci est rarement enregistrée par les services de police.  »

Les agresseurs ont-ils été des victimes dans leur enfance ?  » Beaucoup l’affirment « , répond l’expert, sceptique. En réalité, selon elle, le seul élément commun des pédophiles reste  » la faiblesse de leur sens moral et les troubles d’identification parentaux. En bref, des gens normaux avec cette déviance en besace « , conclut-elle. Parfois, il lui arrive d’utiliser la technique du profilage. Il s’agit de reconstituer la personnalité d’un criminel dont on ignore l’identité. Cette méthode nouvelle est encore peu en usage en France pour retrouver un violeur d’enfants multirécidiviste « , précise-t-elle. En fait, la grande majorité des cas de pédophilie ne nécessite pas, l’aide d’un profileur, puisque l’enfant connaît généralement son agresseur.  »

Le métier de profileur en tant que tel n’existe pas en France « , insiste d’ailleurs Michèle Agrapart-Delmas;  » Il arrive simplement que les enquêteurs fassent appel à un psychologue pour une mission spécifique.  » Un exercice obscur et laborieux qui participe à l’investigation mais qui ne conduit pas forcément à identifier l’auteur d’un crime.

Pourtant,  » le profilage en matière de pédophilie devrait prendre de l’ampleur grâce à l’utilisation du logiciel Chardon « , rapporte l’expert. Mis au point par la brigade criminelle de la préfecture de police de Paris, cet instrument regroupe les infractions présentant des similitudes et susceptibles d’avoir été commises par le même individu. D’abord destiné aux homicides,  » l’outil devrait servir ensuite à identifier les pédophiles multirécidivistes et les violeurs en série ». Un exemple ? Michèle Agrapart-Delmas a dernièrement collaboré à une enquête sur des viols en série dans l’Est parisien.  » Le pédophile s’est déjà attaqué à une vingtaine de jeunes filles. Nous avons son sperme, son ADN, son sang et même une partie de son signalement. Manquent son nom et son adresse.  »

Olivier TALLES
Février 2001

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Le Figaro

Michèle Agrapart est psychocriminologue et expert judiciaire près la cour d’appel de Paris.

LE FIGARO. – Les aveux de Guy Georges s’inscrivent-ils dans la stratégie du tueur en série?

Michèle AGRAPART. – Absolument même s’il est rare de voir un psychopathe pleurer. Mais, acculé par l’une des avocates des parties civiles, il a craqué. Alors il a joué à l’humble. C’est un tragédien. Mais rien ne dit qu’il ne va pas revenir sur ses aveux dans deux ou trois jours. Car Guy Georges, comme les autres tueurs multirécidivistes, est un manipulateur, un séducteur sur lequel ses défenseurs ont mis la pression. Il n’avait à perdre que son orgueil ce qui est important pour cet être narcissique. C’est vraisemblablement un psychopathe qui vit non pas dans la haine mais dans le mépris de l’autre, tueur multirécidiviste, aux pulsions sexuelles, qui a besoin de dominer, de soumettre, de chosifier la victime. Je redoute, maintenant, pour les familles, qui attendaient une reconnaissance de leurs souffrances et le début d’un sentiment de culpabilité ou de compassion pour les victimes, qu’il ne leur livre par le menu détail l’accomplissement de ses crimes.

Avec Guy Georges, on a affaire, selon vous, à un vrai serial killer à l’américaine?

Pour être très exact, le terme « tueur en série » n’existe pas en France. Les Américains lui donnent une connotation sexuelle. Nous, non. On parle surtout de « tueur multirécidiviste » à partir de la troisième victime avec des motivations équivalentes. En France, ce type de profil est relativement rare. Les trois quarts des « serial killers » se trouvent aux Etats-Unis, dans cette Amérique puritaine qui conçoit des Dr. Jekyll et Mr. Hyde. On en retrouve un grand nombre en Afrique du Sud également de culture anglo-saxonne sur laquelle viennent se greffer les problèmes raciaux. Si l’on peut faire une comparaison dans l’horreur: en France, pour une soixantaine de millions d’habitants, on ne compte « que » 1 200 à 1 400 homicides contre dix fois plus en Afrique du Sud pour quelque 40 millions d’habitants.

Propos recuillis par Alice Sedar
Mars 2001

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